Le Président, la Directrice et le Conseil d’Administration de l’AS AFA ont eu le plaisir d’accueillir à leur Assemblée Générale, le jeudi 9 mars 2023 à Magnicourt-en-Comté, leurs adhérents, OPA, partenaires et collaborateurs.
Cette année, plein feu sur la transmission !
Fabien Barth, Expert-comptable mémorialiste à Saint-Pol-sur-Ternoise a choisi le thème de la transmission pour son mémoire dans le domaine de l’expertise-comptable. Il a donc introduit l’intervention de Caroline François, Coach Professionnel Certifié au service de la transition agricole à impact positif pour l’Homme.
Retour sur l’intervention
Caroline François a, dans un premier temps, planté le décor de la transmission agricole. Aujourd’hui, ce sujet est souvent abordé sous l’angle juridique, fiscal, social et patrimonial. Pourtant, le volet humain est capital et elle a donc pu nous partager plusieurs cas concrets pour mettre en avant l’importance de prendre en considération ce volet dans le secteur agricole.
Elle nous a également partagé plusieurs évolutions sociétales qui mettent encore en avant l’importance de se soucier de l’être humain dans cette transition qu’est la transmission. Le nombre de transmissions à venir augmente pour les prochaines années, de nombreux changements de générations sont à prévoir. Les fonctionnements, comportements et valeurs ont évolué et sont donc à prendre en compte dans les besoins d’accompagnement. De nombreux sujets fleurissent depuis plusieurs années en lien avec les nouvelles pratiques, technologies, le rapport à l’écologie, à la responsabilité sociétale environnementale. De nouveaux modèles apparaissent, se construisent et continueront à éclore.
Mais nous ne sommes pas tous préparés à cela et n’avons pas tous les mêmes appétences, voire expériences sur le sujet. Selon nos histoires, ces réalités peuvent être difficiles à entendre, voire lourdes à porter.
Caroline François nous a rappelé que dans d’autres secteurs, les entrepreneurs sont aidés et coachés pour chercher à mieux se connaître, mieux comprendre leurs réactions, se libérer de leurs automatismes, de leurs enfermements. Ils participent même à des ateliers d’intelligence collective dans l’objectif d’évoluer humainement et d’améliorer leur quotidien.
Les différents cas concrets qu’elle a présentés montrent que la communication ne s’établit pas toujours facilement et n’est pas assez présente entre le repreneur et le cédant. Des frustrations se créent par la suite. Elle nous a donné l’exemple d’un fils qui a repris l’exploitation de son père. Le fils n’avait pas assez confiance en lui et le père, le ressentant, continua de l’aider sur l’exploitation. Cela a engendré de la frustration chez le fils qui se mettait en tête qu’il n’était pas assez bon dans son travail, puisque son père l’aidait chaque jour. L’enjeu ici était uniquement humain. Le travail de Caroline François a été de définir avec le fils ce qui était important, ce qu’il souhaitait, quels étaient ses talents et forces. Une fois cela identifié, le fils a compris qu’il avait les compétences pour gérer l’exploitation et a repris confiance en lui petit à petit. Suite à cela, une discussion entre le père et le fils a été nécessaire afin de définir les besoins de chacun. C’est ainsi que la frustration de son père s’est peu à peu dissipée, ce qui a permis de laisser plus d’espace au fils.
Dans un autre cas, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle est mis en avant. L’exemple que notre intervenante nous a partagé est celui de la transmission lorsqu’un individu est employé dans deux domaines d’activité différents. La problématique qui se dégageait était la suivante : comment se libérer du temps en famille ?
Le coaching de Caroline François aura permis cette fois-ci d’identifier l’équilibre cible souhaité et d’identifier les « tâches » qui prenaient le plus d’énergie dans la journée de l’exploitant. A la suite de ce travail, l’exploitant a pu retravailler sur l’organisation de ces prochaines journées pour assurer cet équilibre et trouver de nouvelles solutions pour que la dimension famille soit plus en cohérence avec ses souhaits.
Lors d’une transmission, la posture est également un facteur important entre le cédant et le repreneur. En effet, un exploitant a cédé à un jeune une partie de son exploitation, mais après plusieurs mois, la relation s’est dégradée. L’agriculteur repreneur contacte Caroline François pour se faire aider à gérer ces changements. Après plusieurs séances, le repreneur prend conscience qu’il avait changé de position, qu’il était involontairement passé d’une posture basse, voire « égal à égal », à une posture haute. Il communiquait uniquement sur les actions du quotidien et non sur le sens qu’avaient ces actions dans les projets au sens large. Il a donc rectifié petit à petit ses propres comportements et leur relation a évolué de façon positive.
Un autre exemple a été proposé en lien avec la difficulté pour le repreneur à identifier son rôle et sa responsabilité, entre le fait qu’il devienne l’exploitant en place et le fait qu’il soit aussi en partie, via la détention de parts sociales du GFA, un des propriétaires des terres cultivées. Cette confusion avait complètement bloqué le repreneur dans ses projets. De plus, il avait, sans en prendre conscience, été intégré par deux des associés du GFA familial dans un jeu psychologique et grâce à cette prise de conscience, il a pu choisir le rôle qu’il souhaitait avoir et décider en l’occurrence de sortir de ce jeux.
Les enjeux de la transmission sont vastes, mais dans la majorité des cas il est possible de trouver des solutions. C’est pourquoi se faire aider, coacher, devrait, dans le milieu agricole, se démocratiser davantage.